Face à l’horreur à Saint-Etienne-du-Rouvray

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À Saint-Étienne-du-Rouvray, commune ouvrière de la banlieue rouennaise, l’horreur a frappé. En égorgeant un prêtre de 86 ans lors d’un office religieux catholique, quelques jours après le massacre de Nice, les deux jeunes assassins agissant au nom de Daech ont clairement voulu déclencher un engrenage de terreur et de haine, précipiter des catégories de population les unes contre les autres, créer une guerre civile de “religions” et de “civilisation”. Il importe aujourd’hui de contrer ce calcul immonde. Mais cela ne se fera certainement pas par l’état d’urgence et la surenchère sécuritaire et guerrière.

À cet égard, le gouvernement, la droite et l’extrême droite jouent un jeu de rôles irresponsable et lourd de périls. [1] À des degrés divers, les mesures qu’ils proposent sont de nouvelles remises en cause des droits démocratiques et ont des relents de nationalisme et xénophobie. Loin de combattre avec efficacité le “terrorisme”, [2] elles distilleront la méfiance et la peur de tous contre tous qui alimentent d’un côté les sectes criminelles comme Daech et de l’autre les nostalgiques de l’État fort et du fascisme. Elles contribueront au dangereux repli sur soi d’une société de moins en moins solidaire. Elles renforceront le racisme et entretiendront un climat anti-immigré et anti-musulman. Elles seront utilisées contre le mouvement social, comme l’état d’urgence a déjà été utilisé contre les écologistes (COP21) et le mouvement syndical (loi travail).

Toutes ces mesures proposés par les partis institutionnels et l’extrême droite ont aussi pour but d’occuper le terrain afin que ne se pose pas la seule question qui vaille : comment cette société capitaliste en pleine crise produit-elle des jeunes disponibles pour des idéologies mortifères et capables de passer à l’acte ?

Les réponses efficaces pour combattre l’horreur sont autrement plus ardues à mettre en place : la fin des discriminations, l’égalité des droits, la suppression de la pauvreté, du chômage et de la précarité, la fin de la vente d’armes aux dictateurs, la fin des relations économiques avec ceux qui « nourrissent » Daech, l’arrêt des interventions militaires, la solidarité internationale avec les populations et le soutien matériel aux combattantes et combattants anti-Daech et anti-Assad, etc. C’est en tous cas les réponses que nous défendons et que le NPA continuera à défendre contre vents mauvais et marées fétides.

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Communiqué de presse des élus de Saint-Étienne-du-Rouvray Vraiment à Gauche

Jeudi 28 juillet 2016

Nous sommes profondément émus et choqués par cet acte odieux et abject qui s’est déroulé dans notre ville. Nos pensées vont bien évidemment vers les victimes et leurs proches.

Ces assassinats revendiqués mettent en mouvement des tueurs animés d’une idéologie obscurantiste et meurtrière.

Nous ne rentrerons pas dans le piège tendu par Daech prônant l’essor de la haine entre les religions et les communautés. Sa violence meurtrière et aveugle vise à créer un engrenage de terreur semant la haine et la peur.

Tous les discours racistes et xénophobes en réaction à ces assassinats vont en fait dans le sens de la division souhaitée par Daech. Tous les discours sur le renforcement d’un état d’urgence qu’on voit bien inefficace, tombent dans le piège de Daech qui veut nous faire perdre nos libertés et répandre la peur. Comme sont inefficaces tous les bombardements aveugles de la coalition en Irak ou en Syrie, qui font de nombreuses victimes civiles, alors que nous devrions plutôt aider les peuples qui luttent les armes à la main contre Daech au Proche-Orient.

Comme Saint-Étienne-du-Rouvray le fait au travers de sa politique sociale avec les associations, nous continuerons à défendre nos idées progressistes, antifascistes, solidaires et antiracistes face aux fascistes religieux et nationalistes.

Philippe Brière et Noura Hamiche, élus de la liste Saint-Etienne-du-Rouvray Vraiment à Gauche, soutenue par le NPA

28 juillet 2016, par NPA 49

[1] Sans compter certains médias peu regardants sur la déontologie journalistique, comme Le Parisien qui, le 27/07/2016, pose à ses lecteurs la question “Faut-il un Guantanamo à la française ?”...

[2] L’utilisation du mot “terrorisme” répété ad nauseam dans les médias pose elle-même un problème. Et pas seulement parce que ce mot permet à certains journalistes ou “experts” de se passer d’analyse politique et de tout amalgamer. Même le patron du MEDEF l’a utilisé récemment contre la CGT. Le mot est aussi brandi dans des États dictatoriaux ou semi-dictatoriaux comme la Russie et la Syrie, la Turquie et l’Égypte, pour ostraciser et emprisonner des opposants. Si bien qu’en définitive, auprès de la frange sympathisante de Daech (et même au-delà), la qualification de “terroriste” peut être vécue comme positive... Une caractérisation de droit commun des auteurs des attentats de Nice ou Saint-Etienne-du-Rouvray (comme criminels contre l’humanité, par exemple) contribuerait sans doute à ce que ces criminels de masse ne soient plus considérés comme des “martyres” par cette frange politiquement égarée mais comme des vulgaires assassins.